Monsieur le bourgmestre,
Nous aurons l’occasion, dans moins d’un an, d’inaugurer la nouvelle passerelle qui reliera bientôt le quartier des Guillemins à la Boverie. Même si certaines propositions ont été émises, cette passerelle n’a pas encore de nom.
J’aimerais dès lors vous soumettre une proposition et connaître l’avis du Collège à son propos.
J’aimerais vous proposer que nous donnions à la nouvelle passerelle le nom prestigieux d’Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt (à moins qu’il faille écrire Terwagne).
Les arguments en faveur de ce choix ne manquent pas.
Théroigne — née dans le village de Marcourt, près de Hotton — est fille de notre région, devenue une figure politique marquante de la Révolution française. Elle a participé à la prise de la Bastille, elle était en tête du cortège qui vint assiéger Versailles pour réclamer le retour du roi à Paris. Pendant la Révolution, on la surnommait « la Belle Liégeoise ».
Son rôle dans la chute de l’absolutisme de droit divin et dans le succès des idées de liberté, d’égalité et de fraternité — auxquelles les Liégeois ont adhéré quelques années après les Français — a été important. Elle a défendu une position républicaine, contre les royalistes mais également contre la plus grande partie de la bourgeoisie, à qui elle s’est notamment opposée parce que cette dernière souhaitait que les femmes restent au foyer.
Sa via a inspiré de nombreuses œuvres artistiques : Charles Baudelaire dans les Fleurs du mal, Sarah Bernhardt ; un opéra d’August De Boeck lui est consacré.
Son parcours politique fait sans doute d’elle l’une des premières féministes de l’histoire. Et elle est liégeoise !
Ses voyages à travers l’Europe ont fait d’elle une ambassadrice de notre région. On trouve aujourd’hui des rues et avenues qui portent son nom dans diverses villes de France, notamment Montpellier. Mais Liège, capitale de sa terre natale, n’a pas jugé bon jusqu’à présent de lui rendre l’hommage dont je pense qu’il lui est dû.
Nous commérerons dans deux ans le bicentenaire de sa disparition. Le moment n’est-il pas bien choisi pour que la Ville de Liège se souvienne d’Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt ?
Si vous me le permettez, j’ajouterai encore un argument. Tout un champ de recherche s’est développé ces dernières années concernant les rapports entre la question du genre et les enjeux d’espace, de territoire, d’espace public. Ces recherches renouvellent à certains égards la lecture que l’on peut faire de ces questions. Parmi les nombreuses réflexions qui sont issues de ce champ, je pointe notamment le constat, singulièrement flagrant, d’un déséquilibre massif entre hommes et femmes dans la toponymie. Ce déséquilibre doit être progressivement corrigé. C’est un élément de plus, à mon estime, en faveur de la proposition que je vous soumets aujourd’hui.
En l’attente de vous lire, je vous prie de croire, Monsieur le bourgmestre, en l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
François Schreuer
Conseiller communal
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