J’attendais avec impatience d’avoir en main cette livraison de Wilfried mag et de lire l’article-fleuve de Quentin Jardon sur la madone des sondages.
Il confirme, avec des dizaines de témoignages à l’appui, une chose que l’on pressentait : il n’y a pas de différence notable entre la ligne politique de Sophie Wilmès et celle de Georges-Louis Bouchez. Ils sont d’accord sur à peu près tout : la casse des services publics, la dénonciation du « wokisme », l’hostilité à la reconnaissance de la Palestine, etc. Ils sont d’accord sur tout, sauf sur un point, qui n’est pas du tout anecdotique : Wilmès n’est pas prête à suivre Bouchez dans l’ouverture du parti à l’extrême-droite.
Cet article met aussi en lumière des aspects beaucoup moins flatteurs de la personnalité de la « première Première » belge que ce qui est habituellement véhiculé à son sujet : ses accès de fureur à l’égard de ses équipes, son déni des crimes terribles commis par Israël, son absence totale de préoccupation pour le social — tout cela bien dissimulé sous une communication toute en rondeurs.
À lire, donc.
Cet article ne répond cependant pas à la question de l’avenir de « Sainte Sophie ». En refermant le magazine, on a plutôt l’impression qu’elle est en train de sortir du jeu, de se marginaliser gentiment et elle-même distille quelques petites remarques pour accréditer cette idée.
Pour ma part, je n’en crois pas un traître mot : je suis convaincu que Wilmès emmènera le MR aux élections législatives de 2029 et que sa mise à l’écart temporaire n’est qu’un repli tactique visant à préserver sa figure irénique du massacre social en cours — qu’elle cautionne totalement, mais dans lequel elle préfère éviter de se salir les mains. Les jolies robes immaculées, il vaut mieux qu’elles ne soient pas trop manifestement imbibées de la souffrance du peuple, si l’on veut qu’elles continuent à ébaubir celui-ci.
Plus encore : les outrances de Bouchez participent de cette stratégie, en cela qu’elles vont focaliser l’attention sur le style plutôt que sur le contenu. Il ne manquera en effet pas de commentateurs (réellement ou faussement) naïfs pour s’extasier du ton plus posé, plus courtois, de la civilité retrouvée qui marquera le passage de témoin à la présidence du MR, en 2027 ou en 2028, une fois la sale besogne accomplie. Ces commentaires participeront à complètement occulter le fait que la ligne n’aura pas changé, que le démantèlement de tous les mécanismes de solidarité restera, plus que jamais, l’objectif central (et si je devais me risquer à une prédiction de plus, je dirais que le cœur de l’attaque portera sur le remplacement des mutuelles et de l’assurance-maladie par des assurances santé privées).
Si la gauche ne se prépare pas dès à présent à faire face à cette redoutable adversaire — qui n’a pas besoin de parler pour exister —, si la gauche, confortée par des sondages trop enthousiasmants, se met dans l’idée, qu’il suffira pour gagner de mettre Bouchez face aux dégâts qu’il aura causés, la déconvenue pourrait être grande.
On va avoir besoin de tout le monde (refrain connu).
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