Retour de Grenoble & Lyon

Je rentre ce lundi soir de quatre jours à Grenoble — où j’étais à l’invitation du réseau « En train » qui y tenait son forum annuel, j’en dirai sûrement un mot dans les prochains jours — puis à Lyon. Ça m’a donné l’occasion de tester de façon approfondie les réseaux cyclables structurants de ces deux métropoles — le Chronovélo et les Voies Lyonnaises.

À Grenoble, j’ai en plus eu la chance de rencontrer plusieurs membres du Collège municipal. J’ai même eu droit à une visite de terrain d’une après-midi par l’adjoint au maire en charge des espaces publics, Gilles Namur, que je remercie vivement pour le temps qu’il m’a consacré (j’ai aussi eu le plaisir d’échanger avec la très probable future maire de Grenoble, Laurence Ruffin, dont la liste d’union des écologistes et de la gauche est créditée de… 47% au premier tour des prochaines municipales dans le dernier sondage).

Le concept de ces réseaux ? Du site propre séparé (les voitures n’ont physiquement pas la possibilité de rouler sur les espaces dédiés aux vélos), bidirectionnel (fini d’avoir une piste cyclable de chaque côté de la voirie), de la largeur (le standard est à 4m ce qui donne un confort incroyable, même si on y déroge parfois lorsque le contexte l’exige), de la continuité (une fois qu’on est sur le réseau, on circule en sécurité à travers toute l’agglo), une signalétique dédiée (on sait tout de suite qu’on se trouve sur le réseau, les lignes sont numérotées) et un revêtement bien lisse (adieu les pavés). Et bien entendu, l’idée de « mixité cyclo-piétonne » sur des itinéraires structurants a paru totalement incongrue à tous mes interlocuteurs.

N’y allons pas par quatre chemins : ces réseaux cyclables sont une avancée majeure. Ça change fondamentalement la mobilité — y compris celle des enfants, celle des PMR,… — mais ça améliore aussi fondamentalement la ville, le plaisir de s’y trouver, la qualité des espaces publics. Ça fait baisser le bruit et la pollution.

À Grenoble, le déploiement est déjà bien avancé (près d’une quarantaine de km d’axes) et se poursuit rapidement, notamment vers les communes périphériques. Les effets positifs se font déjà sentir de façon massive, notamment une augmentation importante de la part des déplacements réalisés à vélo : elle était déjà de 22% en 2023, mais les compteurs de vélos voient leurs chiffres augmenter d’environ de 10% par an. Certains points de comptage dépassent les 6000 vélos par jour en semaine (dans une ville et une agglomération sensiblement plus petites que Liège, pour rappel). Autre point positif : les voiries qui accueillent une « Chronovélo » voient le nombre de cellules commerciales vides diminuer.

À Lyon, le projet est en cours de déploiement — je vous mets la carte réalisée par l’association La Ville à Vélo - Lyon Métropole qui montre les tronçons réalisés en plein, les travaux en cours en pointillés et les tronçons reportés avec des croix — mais il est encore plus ambitieux qu’à Grenoble : il vise 262 km de réseau d’ici 2030 (à condition que la droite ne gagne pas les municipales de l’année prochaine, évidemment).

Dans les deux cas, une collaboration fructueuse entre les métropoles — Métropole de Lyon et Métropole de Grenoble — et les autorités municipales est une clé de la réussite du projet.

Alors, peut-on le faire à Liège ? Malgré certaines difficultés objectives (moindre largeur des voiries, absence d’une métropole…), je suis convaincu que oui. À condition de ne plus transiger dans le choix d’un standard qui doit être aussi qualitatif que celui de ces deux projets. La transformation toute récente de l’ancienne « piste des bus » du boulevard d’Avroy en itinéraire cyclable peut être le signal du départ ! En avant !