Guerre aux pauvres et complaisance journalistique. Ixième exemple.
L’annonce vient de tomber : « les loyers des logements sociaux tiendront compte de la performance énergétique ».
On se dit que les logements mal isolés vont coûter moins cher en Wallonie. Oh, enfin une bonne nouvelle ?
Ah mais non, c’est l’inverse. Actuellement, pour les personnes ayant les revenus les plus bas, le loyer d’un logement social est plafonné à 20% de leurs revenus.
Désormais, « il passera de 20% pour les passoires énergétiques de classe G à 26% pour les logements passifs en progressant de 1% à chaque catégorie intermédiaire ».
Autrement dit, les personnes qui ont un revenu de 1000 EUR par mois et ont a la chance de vivre dans un logement social bien isolé payeront désormais 60 EUR de plus chaque mois. De quoi passer sous la ligne de flottaison, si ce n’était déjà fait.
Et au passage, notons que la norme PEB s’impose encore un peu plus, alors qu’on sait qu’elle est très problématique à différents égards, en ce qu’elle impose une vision technicienne et très coûteuse de la question de l’énergie dans le logement, en ce qu’elle produit, de fait, des logements inadaptés aux fortes chaleurs, etc.
Dans le même registre, je profite de ce post pour relever qu’on vient d’appendre que — dès le lendemain du vote sur la limitation dans le temps des allocations de chômage ! —, le gouvernement fédéral « a approuvé vendredi un projet de loi présenté par la ministre de l’Intégration sociale, Anneleen Van Bossuyt, et le ministre des Affaires sociales et de la Lutte contre la pauvreté, Frank Vandenbroucke. Ce projet de loi prévoit que, pour déterminer le revenu minimum, les CPAS seront désormais obligés de prendre en compte non seulement toutes les ressources des cohabitants (revenus du travail, éventuelles allocations sociales,...), mais aussi que la notion de cohabitant sera élargie. Elle comprendra désormais, non plus uniquement la famille nucléaire, mais inclura les parents, grands-parents, enfants majeurs, petits-enfants, beaux-enfants et beaux-parents vivant sous le même toit. »
Concrètement, ça veut dire par exemple qu’une personne émargeant au CPAS ne pourra pas accueillir chez elle un parent âgé ou un enfant en difficulté sans perdre une (très grande) partie de son revenu.
Abject, il n’y a pas d’autre mot.
Je propose que les titres de ces personnes soient revus : Anneleen Van Bossuyt (NVA) pourrait être désormais notre ministre de la désintégration sociale ; quant à Frank Vandenbroucke (Vooruit), il a bien mérité d’être considéré comme le ministre de la Lutte contre les pauvres. Enfin, Cécile Neven (MR) pourrait légitimement prétendre au titre de ministre de la précarité locative.
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