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La démoctatie sociale dans le viseur du MR

Depuis quelques semaines, j’avais le projet d’écrire un billet — que je pensais un peu prospectif — sur l’externalisation progressive par les partis de droite de leurs services d’étude : plusieurs personnes bien informées m’ont en effet expliqué dernièrement que le travail d’analyse, la rédaction de propositions de positionnements politiques voire d’animation politique émanait de plus en plus souvent de structures privées idéologiquement proches (fédérations patronales, groupes d’intérêts voire grandes entreprises directement).

Dans le même temps, certains médias (dont les propriétaires ne sont pas forcément très éloignés de ces cercles d’influence) ont biberonné l’opinion depuis des décennies, mais avec de plus en plus d’intensité ces dernières années, à l’idée que la vie politique est globalement trop financée, qu’il faut couper dans le financement des partis, que la politique est intrinsèquement une gabegie : l’appétence qu’on observe dans les sondages pour le remplacement de nos processus démocratiques — aussi perfectibles qu’ils soient — par un « homme fort » ne vient pas de nulle part.

L’enjeu est clair pour la droite : porter atteinte aux capacités des partis de gauche — qui n’ont pas autant la possibilité de s’appuyer sur ce type de réseaux privés — de produire du travail politique. Rédiger une proposition de loi pertinente, par exemple, c’est un travail énorme, qui demande un diagnostic approfondi des attentes sociales dans la matière abordée, une expertise technique, des compétences juridiques poussées, etc. Former des militants aux enjeux politiques, c’est une nécessité vitale si l’on veut un débat démocratique sérieux, nuancé, informé (a fortiori dans un contexte de perte massive de la culture politique). En sorte que priver les partis des moyens nécessaires à accomplir ce travail affaiblit forcément la démocratie.

Ce qui est tombé hier est de la même eau, tout en allant beaucoup plus loin encore : Bouchez veut supprimer tout subside aux organisations qui, dit-il, « défendent une idéologie ». Dans le viseur, pêle-mêle : Mouvement Présence et Action Culturelles, Mouvement Ouvrier Chrétien, CEPAG, FEF, Ligue des droits humains, Soralia, Jeunes FGTB, GSARA asbl, Grignoux, Article 27, Clara, FAPEO, CIUM et tant d’autres. Ici, c’est clairement la capacité de la société civile à produire un discours critique sur la société qui est en cause. C’est l’idée d’éducation permanente qui est dans le viseur. Ce sont les acquis démocratiques fondés au lendemain de la guerre par la Résistance qui sont menacés. Cette annonce — on verra si les Engagés avaleront cette ixième couleuvre — est d’une gravité exceptionnelle. Je ne doute pas qu’il y aura des mobilisations pour dénoncer cela. Mais si le gouvernement décide de nous passer sur le corps, il le fera, et d’autant plus facilement que les prochaines élections sont loin. La seule façon d’empêcher structurellement ce genre de choses, c’est d’avoir une MAJORITÉ PARLEMENTAIRE.

Comment est-il même possible que le consensus démocratique soit à ce point dégradé que le principal parti francophone en vienne à vouloir décapiter purement et simplement les organisations qui structurent notre démocratie sociale ? Je pense que nous devons admettre que nous avons collectivement baissé la garde, en considérant comme acquises des choses essentielles qui ne l’étaient que grâce à un inlassable travail politique que nous avons massivement déserté, que nous avons massivement invisibilisé, que nous avons massivement déprécié, à forces de polémiques anecdotiques qui ont détourné le regard de l’essentiel. Une grande majorité des militants que je connais considèrent, plus ou moins explicitement, que militer dans un parti est une chose ringarde, inutile, ingrate. Ils préfèrent s’impliquer dans d’autres lieux, où militer est plus agréable, dans des lieux beaucoup plus valorisés socialement. Qu’ils me pardonnent de le dire sans détour, mais je pense qu’ils ont tort : déserter (complètement) la sphère électorale scie la branche sur laquelle ils sont assis.

Je le dis donc à tous les compagnons des luttes sociales, urbaines, environnementales, démocratiques dans lesquelles je me suis engagé depuis trente ans : il est urgent, TRÈS URGENT, que vous cessiez de considérer les partis de gauche comme des prestataires de service qu’ils ne sont déjà plus suffisamment (et seront de moins en moins) en mesure de rendre, faute de ressources. Il est urgent que vous mesuriez que si vous souhaitez que notre vie démocratique puisse perdurer — un secteur associatif dynamique, des festivals engagés, des médias réellement indépendants ou ce qu’il en reste,… — il FAUT battre le MR et les Engagés en 2029 dans les urnes (en sachant qu’on va endurer BEAUCOUP d’avanies d’ici là). Et pour cela, il faut se préparer maintenant, en rassemblant les forces.

Pour ma part, je pense la seule organisation qui peut atteindre cet objectif — parce que qu’Ecolo est trop petit, parce que le PTB n’a ni le désir ni la capacité de former des alliances gouvernementales sans lesquelles aucun changement n’est possible —, c’est le Parti Socialiste (PS) et c’est exactement pour cela qu’avec VEGA nous avons choisi de soutenir ses listes puis de rejoindre ses rangs l’année dernière. Si vous partagez cette analyse, je vous invite à ne plus différer l’acte d’engagement : on a besoin de tout le monde. MAINTENANT ! Pour réfléchir, pour militer, pour reconstruire, rajeunir, renouveler un vieux parti qui a besoin de sang neuf. Pour assurer aussi, très prosaïquement, par la cotisation, le financement des fonctions essentielles que joue un grand parti populaire face à un leader d’extrême-droite qui est prêt à briser la démocratie.

Si vous vivez en région liégeoise (peu importe le lieu) et si vous voulez appuyer la ligne défendue ici, je vous invite à adresser dès à présent votre demander d’adhésion à la section PS Angleur, où je milite, où vous serez bien accueillis et où votre apport aura de l’impact, en envoyant un mail intitulé « demande d’adhésion », avec vos coordonnées, à l’adresse : psangleur (at) gmail.com

Si vous venez d’ailleurs, prenez contact avec la section socialiste la plus proche, rencontrez-les, proposez-leur de travailler avec eux.

 

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