Consacrer 5% de notre PIB aux dépenses militaires n’a pas de sens sur le plan militaire : aucune menace ne justifie que l’Europe dépense 1000 milliards d’euros par an dans ses forces armées.
C’est d’autant plus vrai que cet argent va, manifestement, être dépensé d’une façon largement inconsidérée, par exemple en achetant des F35 supplémentaires, comme le souhaite le nationaliste flamand (et ministre belge de la Défense) Théo Francken, alors que les performances de cet appareil sont loin, très loin d’être au rendez-vous.
Ce choix de consacrer plus de 10 fois le budget de la justice (pour ne prendre qu’un exemple, d’actualité) à acheter des armes aux États-Unis (pour la plus grande partie, ça ne fait hélas plus de doute), c’est un choix de sujétion à la puissance impériale, au moment même où elle commet une nouvelle agression, une nouvelle entorse majeure au droit international, en ne se contentant plus de soutenir l’État israélien qui sème le chaos de tous les côtés au Moyen-Orient, mais en se joignant activement à l’une de ses guerres. Consacrer 30 milliards d’euros par an — comme le gouvernement fédéral l’annonce — à des dépenses militaires, c’est, comme l’expliquait avec beaucoup de lucidité Varoufakis il y a déjà plusieurs mois, payer le tribut réclamé par Trump, ni plus ni moins. Ne tournons pas autour du pot : cette décision revient à financer la révolution fasciste en cours aux États-Unis.
Ce à quoi nous assistons de la part des dirigeants européens — à l’exception notable de l’Espagne, dont il faut saluer le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez —, ce n’est donc pas seulement un sommet de couardise, de veulerie, de médiocrité, c’est un acte de haute-trahison à l’égard de la souveraineté européenne et, aussi, de ces fameuses « valeurs européennes » (vous savez : l’état de droit, la démocratie, le respect des minorités, tout ça) dont ces pâles homoncules se gobergent à longueur de journée mais qu’ils sont radicalement incapables de défendre concrètement.
Tout au contraire de cet enfoncement tragique dans l’impasse atlantiste, nous avons besoin d’indépendance stratégique européenne. Ce qui suppose évidemment d’avoir des forces armées autrement plus dégourdies, préparées, équipées que ce qu’elles ne sont aujourd’hui. Nous avons besoin de renseignement, de capacités cyber, de systèmes de défense antimissile. Nous avons besoin d’une industrie de défense complète. Mais nous n’avons pas besoin de brûler 5% de nos ressources pour obtenir cela. Et surtout, nous avons besoin de systèmes autonomes, non contrôlés par le Pentagone.
Mais nous avons surtout besoin de ne pas perdre de vue que le système climatique est en train de s’emballer plus rapidement qu’on ne le redoutait et que l’urgence, elle est d’abord là. Et que consacrer l’essentiel de nos ressources à la guerre serait un crime contre les générations qui nous suivent quand tant d’urgences doivent être rencontrées, dans la mutation de nos systèmes énergétique et productif, notamment.
Il y aura sans doute des commentateurs pour venir s’interroger candidement sous ce post : « mais que pouvons-nous faire ? ». Ce que nous pouvons faire, ce que nous DEVONS faire, c’est nous organiser politiquement. Ce que le peuple de gauche européen a cessé de faire depuis des décennies, en s’éparpillant de toutes les manières possibles. En démocratie, on pèse quand on se regroupe. Et chacune, chacun a un rôle a jouer. Les fachos l’ont parfaitement compris. Combien de temps va-t-il falloir pour que le franc tombe enfin dans notre camp ?
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