Une menace « sérieuse et imminente » pèse sur la vie de Julien Moinil, le Procureur du Roi de Bruxelles, selon les instances compétentes, qui viennent de relever l’estimation du danger au degré le plus élevé. Les mafias de la drogue veulent la peau d’un Procureur et cela ne devrait laisser personne indifférent. Cela devrait même sonner la mobilisation générale contre ces mafias.
Ça fait déjà un bon moment qu’on en parle, mais il ne fait plus de doute que l’emprise des organisations criminelles sur notre démocratie se fait de plus en plus concrète. Les fusillades entre bandes rivales qui ont lacéré l’actualité anversoise, puis bruxelloise ces dernières années n’en sont que la face la partie émergée. Dont la région liégeoise ne sera pas épargnée, comme l’ont par exemple montré la fusillade et l’attaque à la grenade qui ont eu lieu à Herstal en avril dernier.
Derrière cette violence préoccupante mais ponctuelle, il y a des criminels en col blanc, qui installent peu à peu un pouvoir économique et donc politique, blanchissent massivement le produit de leurs trafics, prennent des positions de plus en plus importantes, tentent de corrompre des fonctionnaires, y parviennent parfois.
Heureusement, il y a des magistrats, des policiers, des élus qui ne baissent pas les bras, qui portent le fer dans la plaie, malgré les considérables difficultés. Et malgré les risques.
Ces personnes sont aujourd’hui en danger, à des degrés divers, parce que le crime organisé pense pouvoir intimider l’État de droit.
Nous leur devons assistance.
En mobilisant des moyens pour leur protection, évidemment.
En refusant de banaliser, par notre indifférence, la gravité de ces menaces.
Mais surtout en organisant une réponse systémique, à l’échelle de la société tout entière, visant à contrer les réseaux criminels, à assécher leurs ressources, à rendre plus difficile et plus visible leur action néfaste.
Pour cela, un refinancement significatif et immédiat de la justice est indispensable. On ne peut pas, comme le fait le gouvernement Arizona, déplorer la fragilité de la justice tout en lui refusant dans le même temps les moyens nécessaires à son travail.
Pour cela, il faut aussi s’interroger sur les sources de financement des organisations criminelles. Qui viennent en bonne partie du trafic de drogue. La logique de la prohibition à tout crin, y compris contre le cannabis, est-elle encore défendable si elle conduit à la déstabilisation de notre démocratie ?
Pour cela, il faut enfin se poser la question de la capacité des mafias à trouver des petites mains, laquelle découle en grande partie de la précarité, de l’exclusion. À cet égard, disons-le, Clarinval, en envoyant tant et tant de gens dans la misère, risque bien de fournir aux mafias d’immenses réserves de recrutement. Nous ne pouvons pas l’accepter.
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