En lisant, ici et là, les commentaires à propos du tram, je tombe sur bon nombre de réflexions tenues par des personnes qui ne vivent pas en ville et la fréquentent peu (sinon pas du tout) et estiment, parfois avec virulence, souvent avec certitude, que ce tram est inutile, un nouvel épisode des « Grands travaux inutiles » — voire qu’il ne s’agit que du délire (inévitablement) mégalomaniaque de quelques élus (forcément) irresponsables (sinon corrompus, comment pourrait-il en aller autrement ?).
Bien sûr, aucun de ces intervenants n’est obligé d’aller chaque matin s’entasser dans une de ces bétaillères que sont devenus les bus sur certaines lignes du TEC, à l’heure de pointe.
Et je me dis que, de toute évidence, à Liège, le bus, c’est (devenu ?) un truc de gens qui n’ont pas le choix, un truc de gens qui n’ont pas d’autre solution pour se déplacer que d’attendre — parfois longtemps et souvent sans abri — ces vieux bahuts au diesel qui cahotent sur les pavés.
Eux seuls, braves pioupious, peuvent accepter d’être aussi maltraités que le sont les usagers du TEC ; de subir des temps de déplacement presqu’aussi long que s’ils allaient à pied ; de faire servilement la file sous la pluie pour pointer sous les yeux du chauffeur alors qu’il serait tellement plus simple d’entrer par une des portes arrière (et que ça ferait gagner du temps à tout le monde) ; de constater que, neuf fois sur dix, les systèmes d’information installés dans les abribus sont en panne ; de subir, parfois, une conduite rodéo-style qui peut vous flanquer par terre si vous n’êtes pas bien accrochés (ce qui, d’ailleurs, arrive de temps en temps) ; de constater l’absence d’une appli ou d’un site mobile digne de ce nom pour leur permettre d’obtenir de l’info en temps réel (sachant que les horaires ont, sur certaines lignes, une fonction essentiellement décorative) ; de devoir parfois choisir entre deux lignes de bus qui vont au même endroit parce que les génies du TEC ont placé les arrêts trop loin l’un de l’autre ; d’avoir la ligne la plus fréquentée de la région sur laquelle on peut perdre 10 minutes au milieu du parcours parce que les bus font la pause et que la correspondance est assurée aléatoirement ; de subir les grèves, aussi, qui, même si elles sont souvent justifiées, n’en découragent pas moins bon nombre d’usagers potentiels, etc etc (vous pouvez compléter la liste dans le forum ci-dessous).
Et il se trouve que ces gens qui n’ont pas le choix (dans le jargon du transport, on les appelle « usagers captifs »), ce sont aussi, probablement, pour beaucoup d’entre eux, des gens qui ont moins de ressources que la moyenne de leurs concitoyens pour défendre leur droit à la mobilité, pour interpeller les élus sur leur quotidien, pour faire valoir à quel point, aujourd’hui à Liège, l’amélioration du transport public — dont le tram (qui répond à une bonne partie des soucis pointés ci-dessus) apparaît comme l’un des éléments essentiels, avec le Réseau express ferroviaire —, à quel point, dis-je, cette amélioration est devenue une NECESSITE ABSOLUE.
Et, ça, vraiment, excusez-moi de le dire, mais ça fait chier…
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