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Santé environnementale : une petite revue de presse

Alors que le discours gouvernemental stigmatise de plus en plus durement les malades de longue durée, je me suis « amusé » à faire une petite revue de presse de quelques articles des dernières semaines en matière de santé environnementale.

16 avril Le Vif met en lumière une étude américaine montrant que de nombreux vêtements de sport (y compris des sous-vêtements) sont traités, contre les tâches ou les odeurs, avec des agent anti-microbiens (notamment le nanoargent) nocifs pour la santé.

23 avril Nature & Progrès et le réseau PAN Europe (Pesticide Action Network) ont fait analyser une cinquantaine de vins européens et l’acide trifluoroacétique (#TFA) « a été détecté dans tous les vins récents, avec une concentration environ 100 fois plus élevée que les niveaux moyens des eaux de surface ». Faut-il alors privilégier les vins anciens (si on a le budget) ? Plutôt pas : le professeur Pieter Spanoghe (Universiteit Gent) a montré que les vins antérieurs à 1990 contiennent de grandes quantités de pesticides aujourd’hui interdits.

28 avril On apprend que 48% des prélèvements de sang réalisés dans les zones où l’eau « potable » a connu les plus hauts niveaux de contamination aux PFAS (Chièvres, Ronquières, Nandrin et Florennes) présentent des concentrations problématiques pour la santé.

3 mai Une étude de l’EPFL et de l’Universität Wien montre que l’air des salles d’escalade indoor est plus pollué qu’au bord des autoroutes, en raison des substances toxiques contenues dans les chaussures et la magnésie.

14 mai Le magazine de la RTBF #Investigation rappelle que l’air de nos #piscines contient des concentrations dangereuses pour la santé de trichloramine, un gaz issu de la réaction entre le chlore et les matières organiques (sueur, salive, urine…), et que les normes belges n’ont pas été adaptées pour tenir compte de ce danger.

15 mai La Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG) lance un cri d’alerte et parle, je cite, d’un « empoisonnement massif de la population à travers le recours aux #pesticides » (oui, oui, ce sont des milliers de médecins généralistes qui disent ça). Pour sa porte-parole, Céline Bertrand, « le niveau de preuve est important : on a des liens de présomption forts pour plusieurs pathologies et notamment des pathologies pédiatriques, des cancers pédiatriques, des tumeurs du système nerveux central, des troubles neurodéveloppementaux, le doute n’est plus permis », mais « on entend dans la bouche de la ministre [Anne-Catherine Dalcq, MR, nldr] des propos qui sont habituellement tenus par l’industrie agroalimentaire ».

22 mai Testachats rappelle que les vêtements vendus par #Shein, #Temu et autres marques de #FastFashion contiennent une multitude de substances toxiques absolument hallucinante.

23 mai Le CNRS et l’INRAE publient une étude montrant que les microplastiques sont désormais retrouvés dans la plupart des organes chez l’homme comme chez l’animal et que la contamination des sols agricoles par les microplastiques, évaluée à 1000 particules par kilo à l’échelle mondiale, est supérieure à celle des océans, pourtant déjà extrêmement élevée.

Tout ceci n’est bien sûr qu’un échantillon, loin d’être exhaustif, mais il suffit, je crois, à montrer que notre santé à TOUTES & TOUS est affectée par un environnement qui se dégrade.

Pourquoi cet inventaire dont je dois bien reconnaître qu’il est assez sinistre ? Parce qu’il me semble absolument urgent de sortir de trois travers dans lesquels nous sommes embourbés.

1. L’individualisation. Que font nos gouvernants de droite face à cet amoncellement d’atteintes à notre intégrité physique ? Bien sûr, ils minimisent le danger, refusent d’appréhender le problème dans sa globalité (effet cocktail), mais surtout ils refusent de reconnaître ce problème comme politique, collectif, structurel, en renvoyant sans cesse à la _responsabilité individuelle_. C’est en particulier ce qu’ils font lorsqu’ils stigmatisent, en bloc, les personnes touchées par la maladie, au sujet desquelles leur principale préoccupation est de les « remettre au travail ». Alors qu’affronter une maladie grave est, déjà, souvent loin d’être simple au plan administratif, un amoncellement de nouveaux contrôles sont annoncés par le ministre de la santé Frank Vandenbroucke qui annonce notamment que « les malades de longue durée pourront perdre entièrement leur allocation s’ils ne coopèrent pas » (avec le flicage généralisé qui va être mis en place).

2. Le repli bourgeois. Nous sommes de plus en plus nombreux à multiplier les comportements de prudence, voire d’hypervigilance face à ces risques, à filtrer notre eau, à nous tourner vers les magasins bio, à (tenter de) virer le plastique de nos vies, etc. Fort bien, sauf que… a) c’est très loin de suffire à nous protéger (le plastique, il est absolument partout) et b) ça demande, pour pas mal de ces actions, des ressources économiques que tout le monde n’a pas. Ce n’est pas un détail : on ne peut pas, me semble-t-il, former une collectivité politique si l’élite détentrice des ressources culturelles et économiques considère de fait que la santé (et donc la vie) de tous les autres membres de la société est une question négligeable, tout en se protégeant (en essayant de se protéger) elle-même. Il est donc archi-urgent de refaire de ces enjeux des QUESTIONS COLLECTIVES et donc de nous organiser politiquement pour changer les choses POUR TOUT LE MONDE. Acheter de la nourriture, des cosmétiques, des vêtements (ou n’importe quoi d’autre) présentant un risque important pour la santé ne devrait juste pas être possible.

3. Le cas-par-cas. Nous nous épuisons à identifier, documenter, éliminer les menaces, une par une (et ça prend souvent des décennies, juste pour établir le problème, cf. l’amiante, le tabac, les PFAS, etc). Pendant que l’industrie chimique met chaque année des dizaines de substances problématiques sur le marché et, dans bien des cas, nous empoisonne en toute connaissance de cause. Face à cette industrie globalement délinquante, il est temps d’inverser la charge de la preuve, et de prendre des mesures globales fortes : l’interdiction pure et simple des PFAS ou de la plupart des pesticides, mais surtout un contrôle ex ante de toutes les substances chimiques nouvelles, comme cela a été tenté, sans succès, par la gauche dans le cadre du débat sur la règlementation européenne en la matière (REACH).

Ce sont là trois des (nombreuses) raisons pour lesquelles il est urgent que nous nous regroupions politiquement, à gauche, que nous cessions de nous éparpiller pour mille motifs futiles, que nous regardions ce qui nous unit (le droit à la santé du monde populaire, c’est mobilisateur, non ?) plutôt que ce qui nous divise, pour cesser de perdre les élections.