Un Conseil commun — n’ayant cependant aucun statut formel — s’est tenu ce jeudi 18 décembre 2014, réunissant les Conseillers communaux de la Ville de Liège et les conseillers du CPAS. Lors de cette réunion, la situation du CPAS — ainsi que les « synergies » (pdf) envisagées avec la Ville et la police — a été exposée de manière détaillée par le président de l’institution et par son directeur général.
Dans le débat — qui n’était cependant pas un débat au sens qu’il ne débouchait sur aucune décision, sur aucun vote —, j’ai fait une brève intervention dont voici les principaux éléments.
1. Il n’y a pas que le contexte budgétaire qui est très délicat ; le contexte institutionnel l’est également. En effet, la Ville exerce désormais — et pour la première fois — la tutelle sur le CPAS. Dès lors, la nature même du présent débat — qui n’en est donc pas un — m’interpelle. A fortiori dans la mesure où VEGA est la seule formation représentée au Conseil à ne pas être présente dans le Conseil de l’aide et ne dispose donc pas de l’information utile à aborder une série de questions de fond. Nous avons voté hier — du moins la majorité l’a-t-elle fait — un budget dans lequel est fixé le montant des transferts de la Ville vers le CPAS… sans avoir en main le budget du CPAS, qui n’est d’ailleurs pas encore approuvé, et donc sans pouvoir évaluer précisément la réalité de ses besoins.
Depuis le débat que nous avons eu sur son plan stratégique, je m’interroge sur la conception que se fait la majorité d’un CPAS ; mais l’aimable réunion dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui n’est manifestement pas le lieu pour en débattre. Soit.
2. Sur les transferts entre la Ville et le CPAS, je ne peux qu’appuyer les remarques de mon collègue Guy Krettels (Ecolo). Résumons la situation : les moyens nets baissent, mais sont compensés par la mise à disposition — provisoire ! — de personnel de la Ville, mais, dans le même temps, les missions sociales qui restaient assumées par la Ville sont également transférées au CPAS. Et l’on ignore qui va devoir prendre en charge les frais de fonctionnement (locaux, informatique, etc) liés à l’arrivée des agents supplémentaires. Au final, il est franchement difficile de croire que le CPAS sort gagnant de l’opération. Au contraire, dans un contexte où les besoins sociaux sont en augmentation très nette, il va lui falloir faire plus avec moins.
3. En ce qui concerne la Cellule Tempor (pdf) dont vous annoncez la mise en place, plusieurs choses m’interpellent. Pourquoi le choix de ce terme, d’abord ? Pensez-vous réellement que la gestion des dégâts de l’austérité vont pouvoir être gérés de manière temporaire ? Et puis quel est le message que l’on adresse aux personnes qui vont avoir besoin de l’aide du CPAS : que celle-ci ne sera – au mieux – que temporaire ? Non, vraiment, ce terme ne semble pas très bien choisi.
Il me semble utile de rappeler ici que les personnes qui seront exclues du chômage en janvier — à la suite de la limitation à 36 mois des allocations dites « d’attente » — ne constituent que la première partie du contingent. D’une part, certaines mesures prises au printemps dernier par le gouvernement Di Rupo, ont pour conséquence de différer l’exclusion de certaines personnes… mais nullement de l’éviter. D’autre part, la mesure s’applique désormais de façon linéaire. En conséquence, chaque mois verra désormais son lot d’exclus de la Sécu. On ne saurait
Contrairement à ce qu’on a pu lire ou entendre, y compris de la part de certains partis qui siègent dans ce Conseil, les personnes exclues du chômage ont, pour nombre d’entre elles, une longue expérience professionnelle. N’oubliez pas qu’on peut aujourd’hui, en Belgique, avoir travaillé pendant 20 ans à temps partiel et ne pas avoir acquis de droit au chômage pendant cette période !
À cela, il faut enfin ajouter que le contexte économique, de manière générale, rend au quotidien la vie plus difficile pour bon nombre de nos concitoyens, qui vont donc légitimement se tourner vers leur CPAS, plus nombreux qu’auparavant.
Sauf à voir un changement profond de politique économique — incluant notamment une réduction du temps de travail et faisant payer la soi-disant « crise » à ses responsables et non aux citoyens —, nous ne sommes qu’au début du cauchemar. Je m’inquiète que vous ne sembliez pas en prendre toute la mesure.
4. Pour conclure, je ne saurais insister assez lourdement sur le fait que tout démontre aujourd’hui que les moyens dont dispose le CPAS sont insuffisants pour remplir correctement ses missions. Cette situation est due à différents facteurs, dont la plupart échappent sans doute au niveau communal, mais la Ville doit cependant, plus qu’aujourd’hui, prendre sa part à ce financement. C’est pourquoi VEGA a déposé — je souligne que c’est le seul groupe du Conseil a l’avoir fait — un amendement visant à augmenter la dotation du CPAS. Je regrette que vous n’ayiez pas souhaité le suivre.
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