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140.000 ou peut-être bien plus

Il semble que bien que les syndicats ont réussi à sous-estimer le nombre de manifestants à leur propre manif, aujourd’hui.

Les faits :

a) Il y avait clairement trop peu de trains spéciaux pour acheminer tout le monde vers Bruxelles (alors même que les syndicats avaient acheté en masse des billets de train, ce qui aurait dû permettre à la SNCB d’anticiper). En sorte que les manifestants, pourtant partis tôt, ont mis beaucoup de temps à rejoindre le départ de la manifestation.

b) Pressé de donner un chiffre dès 10h du matin, alors qu’il voyait que les manifestants arrivaient moins vite que prévu, Thierry Bodson a parlé, sans doute trop rapidement, de 100.000 personnes. Le ministre de l’Intérieur (MR) a ensuite donné le chiffre ridiculement bas de 80.000 manifestants.

c) À 12h30, 13h, il y avait encore des manifestants qui arrivaient à la gare de Bruxelles-Nord (alors que l’évaluation du ministre était déjà tombée).

d) La manifestation était tellement blindée de monde qu’elle s’est déployée sur plusieurs itinéraires, et pas uniquement sur celui qui était prévu (j’ai pas mal de photos pour attester de cela).

e) Les syndicats ont organisé le déplacement de 85.000 à 90.000 personnes depuis la Flandre et la Wallonie, en achetant des billets de train et en affrétant des cars (by the way : la SNCB fait payer le tarif plein aux syndicats ! C’est parce qu’il y a trop de monde pour bénéficier du tarif de groupe ?).

f) À ceux-là, il faut ajouter les manifestants syndicaux bruxellois, probablement autour de 30.000 personnes.

g) Mais surtout, il sautait aux yeux qu’une très grande partie des manifestants (au moins un tiers, je dirais) n’étaient pas là sous casaque syndicale. La manifestation était très bigarrée, diverse. 90.000 + 30.000 + 50%, ça fait plutôt de l’ordre de 180.000 manifestants que 140.000, comme finalement annoncé par la FGTB. Sans compter bien sûr ceux qui ont renoncé à venir faute de réussir à monter dans un train (et les innombrables qui auraient voulu venir mais dont la situation économique ou la précarité de l’emploi les ont forcés à demeurer en poste).

Je pense qu’il n’est pas exagéré de dire que cette journée est historique, remarquable dans l’histoire sociale belge, même si cela sera difficile à établir.

Ajoutons, même si ça semble évident, que la conclusion de ce constat, c’est que la base demande aux directions syndicales une action nettement plus déterminée qu’une manif tous les trois mois. C’est d’ailleurs la seule manière de faire reculer ce gouvernement dont la réaction après la manifestation témoigne de l’absolue déconnexion avec la réalité sociale, avec le monde du travail, avec la vie des gens pauvres.

 

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